Généralités sur les inondations

L’inondation est le débordement d’un cours d’eau, la remontée de nappe phréatique ou la submersion marine sur des zones à enjeux.  A la différence d’une simple crue d’un cours d’eau, une inondation peut potentiellement provoquer des dommages humains, matériels ou immatériels.

Lors du débordement d’un cours d’eau, la rivière ou le fleuve sort de son lit mineur (là où il coule habituellement) et gonfle jusqu’au lit majeur (zone très rarement submergée).

En France, 17 millions d’habitants sont exposés aux inondations par débordement de cours d’eau et 1,4 million sont exposés aux risques de submersion marine.

Il existe différentes formes d’inondation :

Inondation de plaine

Inondation de Gironde en février 2021

Source : ©Rodolphe Escher/MAIF

Inondations par remontée de nappe

Inondations par remontée de nappe à Giberville dans le Calvados en avril 2001

Inondation torrentielle

Inondations à Villalier le 15 octobre 2018 suite à la crue de l’Orbiel

Inondation par ruissellement

Inondation du 14 au 15 octobre 2018 dans l’Aude

Source : ©ALINE LAFOY / HANS LUCAS / AFP

Inondation par submersion

Inondation due à la tempête Xynthia en 2010

Photo maif ©PHILIPPE CHEREL/PHOTOPQR/OUEST FRANCE

Inondation par rupture de digue ou de barrage

Rupture de digue janvier 2008

Crédit : PASCAL ROSSIGNOL / POOL / AFP

Les inondations prennent diverses formes pour différentes raisons. L’origine et le relief sont les deux principaux paramètres qui induisent la nature de l’inondation. Suivant le type d‘inondation, le temps de réaction pour se mettre à l’abri est plus ou moins long. Il convient alors d’adapter son comportement à la vitesse à laquelle l’eau monte et suivant la vitesse du courant.

Les crues, submersions marines et remontées de nappes phréatiques ont toujours existé. Généralement elles sont le résultat de plusieurs facteurs combinés : pluies intenses, prolongées, fonte des glaces et de la neige, vent fort, pression atmosphérique faible, fort coefficient de marée. Les sols n’absorbent plus l’eau, soit parce que la pluie tombe trop vite, soit parce que les nappes phréatiques (réservoirs sous terre) sont pleines.

Les incertitudes

Les plans de gestion des risques d’inondation sont réalisés à partir des retours d’expérience. En utilisant les données recueillies à la suite des crues et inondations, anciennes et récentes, des atlas et plans de prévention au risque d’inondation sont dessinés. Ils dépendent de contextes environnementaux passés, or le changement climatique, l’urbanisation, l’agriculture, l’installation d’ouvrages ou tout autre aménagement du territoire modifient la pluviosité et l’écoulement de l’eau. De plus, les ouvrages de protection, tels que les digues, vieillissent avec le temps et perdent de leur efficacité.

Les modifications environnementales engendrent des incertitudes. Les scientifiques observent une augmentation des volumes de pluie tombées, ainsi qu’une récurrence plus importante des épisodes extrêmes. Ils remarquent un écoulement plus rapide de l’eau, dû à l’imperméabilisation des sols en zone urbaine et la réduction de la végétation en zone rurale (notamment des haies entre les champs). Malgré les avancées scientifiques et techniques pour comprendre les mécanismes, il reste à améliorer la prévision des évènements en termes de date, de durée, d’intensité et de périmètre d’impact.

  • Quand aura lieu la prochaine inondation (date, heure) ?
    Météo France et Vigicrues informent quelques heures à quelques jours à l’avance d’un risque d’inondation, avec un indice de confiance entre 1 et 5. Il faut rester attentif tout au long de l’évènement à la vigilance nécessaire, pour adapter ses activités en fonction des éventuels changements de prévision : passage par exemple de la vigilance jaune à orange ou rouge.
  • Combien de temps va durer la prochaine inondation ?
    Météo France et Vigicrues donnent également des prévisions en fonction de la météo et des informations récoltées sur les cours d’eau. Elles adaptent au coup par coup les prévisions en fonction de la réalité sur le terrain. Les prévisions s’affinent et s’approchent de la réalité avec le temps. Néanmoins les inondations torrentielles sont si courtes (quelques minutes à quelques heures), qu’il est difficile de faire des prévisions sur ces cours d’eau et surtout assez tôt pour que les populations puissent évacuer dans de bonnes conditions.
  • Quelle va être la hauteur d’eau et le débit (le courant) ?
    Cela va dépendre des localités. Ces niveaux et débits varient fortement d’un endroit à l’autre même s’ils sont très proches. Vigicrues informe seulement sur les hauteurs d’eau et débit au niveau de ses stations hydrologiques. Il n’y a pas de prévisions précises sur les inondations au-delà des rives. Impossible de donner la hauteur d’eau et la force du courant dans telle et telle rue !
  • Quelle zone sera impactée par l’inondation ?
    La zone inondée est précisée à l’échelle du département. Les communes peuvent prendre des initiatives par précaution en fonction de cette prévision sans savoir à l’avance si elles seront effectivement inondées. Aucune prévision n’est réalisée à l’échelle de quartier. Les communes peuvent seulement se référer aux inondations passées pour imaginer des zones potentiellement inondables.

Les moyens de protection

Pour protéger les biens et personnes il existe plusieurs stratégies, qu’il est nécessaire de combiner :

  • Par principe de précaution les PPRI (Plan de Prévention au Risque d’Inondation) sont élaborés à l’échelle de la commune et, parfois, à l’échelle intercommunale. Ils règlementent l’urbanisation : interdiction de construire ou obligation d’adapter le bâti. Le PPRI régule les nouvelles constructions, mais n’agit pas sur l’existant.

PPRI de 2007 de Saint-Egrève (38)

  • Les ouvrages et aménagements territoriaux

Un cours d’eau est dynamique. Le fond des rivières monte avec l’accumulation des dépôts de sédiments. Les berges s’érodent tant que le cours d’eau se déplace d’une rive à l’autre. Lors de crues plus ou moins importantes, de nouveaux bras se forment et disparaissent.

Pour maîtriser les cours d’eau et les figer en chemins précis, des ouvrages de protection et des aménagements ont été construits : rehaussement de rives, digues et barrages. Le but est de maîtriser l’écoulement.

Cette pratique est maintenant contestée, car elle a tendance à déplacer le risque vers l’amont ou l’aval selon les cas. En effet l’eau doit s’écouler ! La construction et l’entretien de ces ouvrages sont très coûteux. Ils affaiblissent la conscience des risques. Canaliser l’eau par des digues et barrages bouleverse l’écosystème et l’hydrologie.
ATTENTION : les barrages sont souvent construits pour produire de l’électricité et non pour protéger. Néanmoins ils participent à la régulation des niveaux des cours d’eau. Il peut arriver qu’au moment de fortes pluies, ils soient déjà pleins. Dans ce cas, l’eau ne peut être retenue davantage et ils ne participent plus à la réduction du risque d’inondation.

Une autre stratégie, l’inondabilité, est de libérer le cours d’eau en lui ouvrant des passages vers :

  • des bassins de rétention
  • des déviations partielles
  • des champs d’expansion de crue
  • des prairies inondables

Cela se combine avec

  • la préservation des zones humides pour absorber l’augmentation du débit des fleuves ou des rivières
  • le respect du profil naturel des zones que l’histoire reconnaît comme inondables
  • la végétalisation des zones urbaines
  • la replantation de haies entre les champs agricoles
  • la réalisation de bandes enherbées de fond de vallon, équipées de barrettes transversales, pour constituer des systèmes de rétention, fossés, fossés à redents.

Champs d’expansion de crue

Même si cette méthode est moins spectaculaire, elle est moins coûteuse, plus respectueuse de l’environnement et de l’hydrologie. L’écoulement est ralenti et limite la montée des eaux.

  • Préparer, surveiller, informer et alerter
    • Assurer une surveillance permanente des aménagements réalisés,
    • Assurer l’entretien des dispositifs de protection par le nettoyage des rives et du lit des cours d’eau (le curage est néanmoins contesté pour des raisons de bouleversement de l’écosystème : micro-organismes nourrissant les poissons). Les petits rus passant dans les propriétés sont souvent laissés à l’abandon alors qu’ils devraient être nettoyés par les propriétaires. Il est nécessaire de rappeler les devoirs de chacun.
    • Déclencher l’alerte lorsque le niveau de l’eau atteint une hauteur dangereuse pour les personnes et assurer l’évacuation.
    • Rassembler et former une réserve communale de sauvegarde : sentinelles